Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

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Séminaires 2009-2010 : Le futur


Nicolas Tournadre, Vers une typologie des futurs

Nicolas Tournadre

Université de Provence et CNRS (Lacito)

 

Vers une typologie des futurs

 

Résumé

 

Cette communication propose de dresser une typologie des futurs les plus courants que l’on rencontre dans les langues naturelles. Après avoir proposé une définition des futurs déictique et relatif, nous examinerons la relation entre le futur et les modes (notamment realis, irrealis, épistémique, volitif et déontique), ainsi que la relation entre le futur et les aspects (notamment accompli et inaccompli, imperfectif et perfectif).

Enfin, on évoquera les catégories d’imminentiel et de prospectif ainsi que certains types de futur assez rares tels que le bénéfactif, l’autolalique ou encore l’hodiernal.

La typologie des futurs confirme que chaque tiroir verbal combine une variable modale, une variable temporelle et une variable aspectuelle, comme l’ont montré, entre autres, Wilmet (1997) et Gosselin (2005). En outre, il existe une interdépendance entre les trois composantes temporelles, aspectuelles et modales. Le signifié du temps ne peut être appréhendé que dans sa relation aux autres composantes aspectuelles et modales du TAM.

 

Références

 

Bres J., 2003, "Temps verbal, aspect et point de vue : de la langue au discours" in Cahiers de praxématique 41, 55-84.

Comrie, B.– 1985, Tense , Cambridge University Press.

Comrie, B.– 1976. Aspect. Cambridge University Press.Cambridge.

Confais, J.-P. –1995 : temps mode aspect. Les approches des morphèmes verbaux et de leurs problèmes à l'exemple du français et de l'allemand. PUM.

Dahl, Östen. 1985.Tense and aspect systems. New York: Basil Blackwell.

François, A. – 2003. La sémantique du prédicat en mwotlap (Vanuatu). Collection linguistique, Société Linguistique de Paris, LXXXIV, Peeters, Leuven, Paris.

Gosselin, L. 2005, Temporalité et modalité, Duculot.

Lawrin E. & Tournadre N., "Quelques observations sur le temps et l’aspect en Langue des Signes Française", in Volume d’hommages à Claire-Maury Rouan, Presse Universitaire de Provence.

Mithun M. 1995 "On the reality of irreality. Modality in Grammar and discourse, ed. J. Bybbe and S. Fleishman, 367-388 Amsterdam, John Benjamins.

Moeschler, J. et alii – 1998, Le temps des événements, pragmatique de la référence temporelle, ed. Kimé.

Recanati, C. et F. – 1999 "La classification de Vendler revue et corrigée", Cahiers Chronos 4 (1999) pp. 167-184.

Sun, Jackson T.-S, 2007, "The irrealis category in rGyalrong", Language & Linguistics 8(3):797-819.

Tournadre, N. – 2004, Typologie des aspects verbaux et intégration à un théorie du TAM, Bulletin de la Société Linguistique de Paris, t. XCIV ( fasc 1, pp 7-68).

Tournadre N. et Jamborova D., – 2009, "Taxis : temps déictique, temps relatif, ordre séquentiel" in actes du colloque Románske štúdie: súcasný stav a perspektívy“ [Études romanes : situation contemporaine et perspectives], 26.- 27. marca 2009 v Banskej Bystrici Studia Romanistica Beliana. Banská Bystrica, p. 458-466.

Tournadre, N. et Cadiot, P. (à paraître) "La défectivité du TAM dans les énoncés de sens figuré".

Vetters, C. et E. Skibinska (1998): “Le futur: une question de temps ou de mode? Remarques générales et analyse du «présent-futur» perfectif polonais”, in A. Borillo, C. Vetters et M.Vuillaume (éds.): Regards sur l’aspect III, Rodopi, Amsterdam, 247-26

Wilmet, M. 1997, Grammaire critique du français. Louvain-la-Neuve: Duculot, Hachette Supérieur.

Zeisler, Bettina, – 2004, Relative Tense and Aspectual Values in Tibetan Languages. Trends in Linguistics. Berlin, New York: Mouton de Gruyter.


29/03/2013
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Helmut Glück, Le futur en allemand

Helmut Glück

Universität Bamberg

 

 

Le futur en allemand

 

 

Résumé

 

Après avoir présenté la morphologie des temps verbaux en allemand, je retracerai l'origine de la formation du futur à l'aide de werden, verbe très polyfonctionnel. Je soulèverai ensuite la question de savoir combien de temps verbaux existent en allemand, puis celle du futur en tant que temps et/ou mode. Je résumerai les points essentiels du débat des « futuristes » et « modalistes », à propos notamment de la certitude (ou de l'incertitude) du futur et des expressions calendaires. En conclusion, je présenterai quelques réflexions sur le problème de l'évidence.


29/03/2013
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Sophie Saffi, Résumé : Le futur et le conditionnel en italien

 

Sophie SAFFI

Département d’études italiennes UFR ERLAOS

Centre Aixois d’Etudes Romanes (CAER EA 854)

 

Le futur et le conditionnel en italien

 

Résumé :

 

Dans un premier temps, nous présenterons les emplois du « futur simple », du « futur composé » (ou futur antérieur) et du « futur périphrastique » en italien contemporain standard. Nous nous réfèrerons au toscan qui a été choisi comme langue nationale lors de l’Unité italienne (1861). Faute de temps, nous n’aborderons pas les écarts linguistiques que présentent les variétés régionales d’italien en regard du toscan littéraire, langue nationale qui, par bien des aspects, possède des caractéristiques des langues romanes médiévales. La comparaison avec la distribution des emplois de formes équivalentes en français, nous permettra d’évaluer l’importance de l’accroche ou de la rupture avec l’actualité, ainsi que de l’impact de l’information de personne, dans l’usage des formes de futur de ces deux langues. Dans un second temps, nous aborderons la distribution inverse des temps du futur en français et en italien, le premier étant construit sur la forme d’imparfait et le second sur la forme de parfait de habere. Nous en observerons les conséquences sur l’histoire du subjonctif dans ces deux systèmes. Du latin classique au français et à l’italien d’aujourd’hui, les différents bouleversements structurels du système hypothétique ont tendance à déboucher sur un nouvel équilibre linguistique par l’utilisation du conditionnel là où le latin utilisait le subjonctif.


29/03/2013
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Salem Chaker, Le futur en berbère : émergence (partielle) du temps dans un système à base aspectuelle (de l'aspect au mode, du mode au temps)

Pour accéder au résumé, à l'exemplier et à la bibliographie, cliquez sur ce lien : Salem-Chaker--Claix.pdf


29/03/2013
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Romana Bardy, Résumé : Le futur dans un système verbal asymétrique (roumain) – De l'aspect au temps, du temps à la modalité

 

Romana TIMOC-BARDY

 

Le futur dans un système verbal asymétrique (roumain) – De l’aspect au temps, du temps à la modalité

 

Résumé

 

Le système verbal du roumain est fondé sur une distinction majeure : événements ayant déjà pris place dans le temps (présents ou passés), rendus par des formes synthétiques (présent, imparfait, passé simple, plus-que-parfait) ; et événements n’ayant pas encore pris place dans le temps, rendus par des formes analytiques (infinitif, subjonctif, futur, conditionnel). Ces dernières véhiculent du « virtuel », alors que le présent et le passé véhiculent du « réel ». L’opposition, en représentation linguistique, entre les deux types de temps est à la base d’un système de formes fortement asymétrique.

Le futur roumain est exprimé par quatre paradigmes analytiques, communs à tous les verbes, et représentant deux types de construction : futurs avec l’infinitif (va veni, a veni, il viendra) ; futurs avec le subjonctif (o să vină, are să vină, il viendra). Ils se caractérisent par la forte réduction formelle des auxiliaires (avoir, vouloir), par le degré poussé de leur grammaticalisation et par la forte cohésion des syntagmes. Le nombre élevé des constructions de futur s’accroît encore si l’on tient compte de quelques périphrases anciennes relevant de typologies analogues. L’abondance des paradigmes ainsi que les datations réalisées semblent indiquer qu’une activité langagière créative de l’expression du futur s’est poursuivie en roumain avec effervescence à travers les siècles. C’est là une caractéristique exclusive du domaine du futur, puisque de telles reconstructions n’ont pas touché l’expression du présent ni celle du passé.

Du point de vue de leur valeur temporelle, les quatre paradigmes peuvent être considérés comme équivalents, la distinction « futur proche » étant étrangère au roumain. La distinction entre les diverses formes de futur s’établit surtout sur un axe modal, allant du + certain vers le – certain. On remarque le glissement diachronique de certains futurs vers le sens modal qui, dans certains cas, a pris le pas sur la valeur temporelle. Par ailleurs, certaines périphrases futures, initialement à valeur durative, se sont spécialisées en diachronie pour l’expression de la conjecture. Un bel exemple de glissement est celui du conditionnel, anciennement futur (le futur généralement roman issu de lat. habeo + infinitif), qui, après être passé par l’étape « futur incertain », a fini par se spécialiser comme expression de l’hypothèse, remplaçant l’héritier du subjonctif parfait latin, qui avait assuré cette expression jusqu’aux XVIe – XVIIe siècles.

            Les débuts des périphrases de futur sont de nature aspectuelle. L’auxiliaire y occupe une « place » fictive, mentale, insérée entre le support sujet et le procès, et « disloque » ainsi le procès pour le rejeter dans un ultérieur, le futur. Le cheminement historique et linguistique a donc été le suivant : construire du temps avec les moyens de l’aspect, laisser ensuite la première place à la charge modale caractéristique générale de l’époque future, et spécialement forte en roumain.


29/03/2013
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