Paul Garde, Noms de peuples et de pays dans les langues germaniques
Paul Garde, Résumé Noms de peuples et de pays dans les langues germaniques
Les noms de peuples et de pays
dans les langues germaniques modernes
Résumé :
Les noms de peuples et de pays se distinguent de tous les autres noms géographiques en ce que leurs référents ne sont pas des réalités directement observables : fleuves, montagnes, villes etc., mais sont le produit d’une fragmentation conventionnelle de l’espace (pays) ou des populations (peuples). Les deux découpages sont liés. Linguistiquement, ce lien se marque par la dérivation, qui peut aller dans les deux sens : dérivation descendante (DD), des hommes à la terre : Russe, Russie ; ou montante (DM), de la terre aux hommes : Italie, Italien.
On examine ici trois problèmes concernant les langues germaniques :
1° Rapport nom-adjectif – L’adjectif de relation commun au peuple et au pays peut-être être différent du nom de peuple (type indo-européen : all. Franzos ≠ französisch) ou lui être identique (type roman : fr. Français = français).
Parmi les langues germaniques, l’allemand représente le premier type presque pur, le scandinave et le néerlandais connaissent des états intermédiaires. En anglais l’identité nom/adjectif(Canadian) est la règle, la différence ne se rencontre que dans plusieurs petits groupes de mots (Englishman, English ; Dane, Danish ; Serb, Serbian), qui diffèrent les uns des autres par leurs particularités syntaxiques.
2° Dérivation descendante par procédé flexionnel – Comme d’autres langues (hébreu, slave) l’allemand présente un type, improductif mais très répandu pour les noms anciens, où le nom de pays est identique au pluriel de celui du peuple, à la flexion près : Sachsen « Saxons » (masc. pl.) ou « Saxe » (neutre). Il en reste de rares traces en anglais : Swede, Sweden.
3° Dérivation productive par suffixes issus de ia. On examine la répartition des différentes formes prises dans la dérivation descendante par ce suffixe gréco-latin passé par les langues romanes, en allemand (-ien, ei) et en anglais (-ia, -y, zéro), ainsi que les procédés de dérivation montante qui en sont issus (angl. ian, all. -ier, et leurs variantes).
Tous ces phénomènes sont étroitement liés à l’histoire des divers peuples et aux faits de contacts entre langues.