Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

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Paul Garde, La préposition-préverbe, marque de fabrique de l’indo-européen


Paul Garde, Résumé et article : La préposition-préverbe, marque de fabrique de l’indo-européen

Paul Garde : 

La préposition-préverbe, marque de fabrique de l'indo-européen

 

 

L’étude des prépositions et des cas fait apparaître plusieurs bizarreries :

une importante classe de mots est habituellement désignée non par sa fonction ou son sens, mais par sa place (pré-position) ;

une seule et même fonction syntaxique (celle de “ subordonnant du nom ”, indiquant le rapport du nom avec son contexte) est remplie, selon les langues, et au sein d’une même langue, à la fois par des morphèmes préposés et considérés comme mots distincts (prépositions), et par d’autres postposés et incorporés au mot (désinences casuelles) ;

dans de nombreuses langues indo-européennes les mêmes morphèmes (identiques par la forme et le sens) sont préposés à la fois au nom comme prépositions (dites “primaires”) et au verbe comme préverbes ;

ces morphèmes, dans le groupe nominal (comme prépositions) sont les subordonnants du morphème lexical qui les suit. Au contraire dans le groupe verbal (comme préverbes) ils en sont les subordonnés. Le groupe préposition-nom suit l’ordre centrifuge (subordonnant-subordonné), le groupe préverbe-verbe l’ordre centripète (inverse).

Tous ces faits s’éclairent dans une théorie universelle du rapport entre ordre linéaire et dépendance syntaxique à la fois dans la phrase (entre mots) et dans le mot (entre morphèmes). Comparées aux langues à ordre centripète (exemple extrême : le turc) les langues indo-européennes de type ancien se caractérisent par le redoublement du morphème à valeur spatiale intermédiaire entre verbe et nom, répété devant l’un et devant l’autre, d’où :

apparition de l’ordre centripète (dans le groupe nominal) ;

dans ce même groupe, rupture entre le morphème désormais préposé (préposition) et celui qui reste postposé (désinence casuelle), avec toutes sortes d’effets secondaires ;

dans le groupe verbal, fusion sémantique du préverbe et du verbe, et donc apparition de préfixes (inconnus des langues centripètes), mais très limités en nombre et en fonction (contrairement aux langues centrifuges).

Cet ensemble de phénomènes est typique de l’indo-européen, et marque sa différence avec toutes les autres langues de type centripète. Les langues indo-européennes les plus évoluées (langues romanes, anglais) sont allées plus loin dans la même voie et se sont rapprochées, chacune à sa façon, du type centrifuge.

 

Lire l'article : travaux_21_prep_paul_garde.pdf


24/06/2013
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