Christian Boudignon, Les cas grecs selon la science allemande
Christian Boudignon, Les cas grecs selon la science allemande
Christian BOUDIGNON
Les cas grecs anciens dans la science allemande (1835-1928)
Résumé
Quelles sont les étapes de l’élaboration de la théorie des cas (Kasuslehre) de l’Ausführliche Grammatik der griechischen Sprache de Raphaël Kühner, dont les trois versions magistrales s’étalent de 1835 à 1904 ? D’abord Kühner défend en 1835 une conception matérialiste, localiste, des cas grecs (génitif, datif, accusatif) qui décriraient tout d’abord des situations locales, et par extension des situations temporelles et des relations abstraites. Lors de la seconde version (1869-1871), Kühner fait volte face, et soutient une position formelle : les cas ne sont plus que les marqueurs de relations syntaxiques. Lors de la révision posthume de sa syntaxe (1897-1904), la notion de « cas mixte » (Mischkasus), est introduite pour décrire la fusion des cas indo-européens en grec ancien. Il en va ainsi de l’ablatif qui se confond avec le génitif pur, ou du locatif et de l’instrumental qui se fondent dans le datif. Aucune de ces présentations n’est pleinement satisfaisante. Dans les Vorlesungen über Syntax (1926 et 1928) de Jakob Wackernagel, on trouve enfin une description qui essaie de rendre compte de la logique de la langue, dans une perspective diachronique et synchronique. Wackernagel essaie d’expliquer la logique du « syncrétisme » des cas et en même temps de s’appuyer sur l’élaboration de la grammaire grecque pour comprendre comment les Grecs de l’Antiquité eux-mêmes comprenaient la notion de cas.