Paul Garde, Les Cas russes : approche nominocentrique
Paul Garde, Les Cas russes : approche nominocentrique
Paul Garde
Université de Provence
Les cas russes : approche nominocentrique
Résumé
Le cas est une marque morphologique propre au nom, marquant les rapports sémantiques entre les signifiés des noms (substantifs). Le rapport sémantique entre ceux-ci et les « accidentifs » (verbes ou adjectifs) ne peut être qu’un rapport essif, celui qu’on observe dans des syntagmes nominaux comme sil’nyj čelovek « l’homme fort », spjaščij čelovek « l’homme dormant » (qui, avec inversion du sens de la dépendance, donnent des phrases : « l’homme est fort, l’homme dort »). Pour la forme adjectivale ou verbale ce rapport essif ne peut jamais se marquer par un cas qui lui soit propre, mais seulement par l’accord en cas.
Entre deux noms, il peut y avoir trois types de rapports : essif = accord en cas (gorod Peterburg « la ville de St Pétersbourg »), possessif = Génitif (gorod Petra « la ville de Pierre »), ou spatial = cas spatiaux (gorod na Neve « une ville sur la Néva »).
Dans la phrase, seuls les cas directs : Nominatif (cas non-marqué), Accusatif (cas causatif) et Partitif (cas négatif) expriment un rapport essif entre le substantif et son prédicat.
Tous les autres cas expriment les rapports des substantifs entre eux (principe nominocentrique) :
– les cas spatiaux : Inessif (non marqué), Illatif (causatif) et Ablatif (négatif), apparents en russe dans les pronoms, tels que gde « où », kuda « vers où », otkuda « d’où », représentés dans les noms par des tournures prépositionnelles diverses, expriment des rapports spatiaux. Ils s’appliquent au contenant de l’un des actants directs.
– les cas possessifs : Datif et u+Génitif, expriment des rapports possessifs, ils s’appliquent au possesseur de l’un des actants directs.
– le cas inverse : Instrumental, exprime les mêmes trois types de rapports avec l’un des actants directs ; rapports essifs, possessifs ou spatiaux, mais inversés.