Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

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Françoise Douay, Cas et prépositions chez les grammairiens philosophes


Françoise Douay, Résumé et article : Cas et prépositions chez les grammairiens philosophes

Françoise Douay

Cas et prépositions chez les grammairiens-philosophes

 

 

Arnauld et Lancelot dans leur Grammaire générale et raisonnée de 1660, comme Fénelon dans sa Lettre à l’Académie de 1714, emploient encore couramment, pour décrire les fonctions du nom dans la langue française, la terminologie latine des cas, au nombre de six : nominatif, vocatif, génitif, datif, ablatif, accusatif, ne traitant des prépositions -réduites de fait à à, de, par, pour- qu’ « en tant qu’il est nécessaire d’en parler pour entendre quelques cas ».

Cette routine est vivement combattue par les grammairiens-philosophes Dumarsais (1676-1756) et Beauzée (1717-1789) qui imposent l’idée que, pour marquer les relations entre verbes et noms, les langues en général présentent deux grands types de  systèmes, qui entrent en concurrence ou se combinent selon des proportions variables : celui des désinences casuelles d’une part, dont le nombre peut être différent de six, et celui des prépositions d’autre part, souvent étayé sur des règles d’ordre plus strictes. Dès lors, leurs recherches se concentrent, formellement sur les méthodes de passage d’un système à un autre dans la traduction, et sur la forme abstraite commune sous-jacente que ces opérations présupposent ; empiriquement, sur la recherche d’exemples de langues sans aucun cas, ou sans aucune préposition, ou sans aucune règle d’ordre des mots, ainsi que sur le dénombrement des cas et des prépositions selon les langues et sur leur combinatoire attestée.

Engagée dès la Méthode raisonnée pour apprendre la langue latine de 1722 et Les véritables principes de la Grammaire de 1729, la réflexion de Dumarsais se déploie de 1751 à 1756 dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, à travers les articles Ablatif, Accusatif, Cas, Construction, Datif, Génitif, et sur des exemples français, latins, grecs, hébreux, italiens, espagnols, anglais, arabes et arméniens ; mais la mort interrompant ses travaux à l’article Grammairien, c’est à Beauzée, son successeur à l’Encyclopédie entre 1757 et 1765, que l’on doit les articles Nominatif, Préposition, Syntaxe, Vocatif. Reprenant cette question plus librement dans sa Grammaire Générale ou exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage de 1767, puis les trois volumes de Grammaire et Littérature qu’il cosigne avec Marmontel en 1782, 1784, 1786 pour l’Encyclopédie Méthodique de Panckoucke, Beauzée nuancera considérablement, et parfois révisera ses positions en fonction des langues nouvelles qu’il considère –souvent à partir des descriptions des missionnaires-  : basque, « lapon », « péruvien », « samskret » ; d’où l’apparition, pour la description du français lui-même, de catégories nouvelles, qu’il élabore (Prépositif / Préposition),ou emprunte, notamment à la grammaire hébraïque (Préfixe / Affixe).

Sans entrer dans le détail de tous ces aspects, nous exposerons quelques points remarquables, en dialogue avec les exposés de Paul Garde (Préposition / Prépositif / Préfixe) et d’André Valli (persistance, dans la tradition scolaire, de l’attachement de la préposition au cas qui isole en français à et de… dans le sillage de Port-Royal !) .

 

Lire l'article : travaux_21_prep_francoise_douay.pdf


24/06/2013
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