Résumés des exposés
Les connecteurs
PRESENTATION DES EXPOSES
Année 2000-2001
(Certains exposés sont disponibles dans leur intégralité : cliquez sur "lire l'exposé")
Marie-Christine Hazaël-Massieux :
Connexion ou connecteurs ?
Essai d’analyse à partir d’un corpus de créole guadeloupéen
Au-delà des définitions de la notion de connecteur, qui demeurent régulièrement floues et hétérogènes (définitions faisant la place aussi bien aux données pragmatiques qu’aux données logiques ou sémantiques), nous partirons ici de fait d’une réflexion sur la notion de "connexion" et non pas sur un classement a priori de "connecteurs" - qui de fait, fort heureusement, n’existe pas pour le créole ! Partant d’un corpus de créole guadeloupéen, nous nous efforcerons de dégager des principes méthodologiques et, parmi toutes les perspectives possibles, nous nous en tiendrons à une approche syntaxique de la (ou des) connexion(s), d’ailleurs ici présentée surtout par rapport à l’étude de quelques catégories à valeur temporelle. Nous retiendrons l’importance d’une étude des contrastes (place et environnement dans la chaîne) et d’une étude des oppositions (paradigmes) pour rendre compte des phénomènes grammaticaux de la connexion.
Au terme de l’étude nous proposerons trois types de connexions, correspondant à trois places syntaxiques, qui peuvent être ou non (*) occupées par des "connecteurs", dès lors de trois types différents : on distinguera les adverbes, les translateurs (en distinguant les sous-catégories de translateurs de noms ou de translateurs de verbes) et les coordonnants. Mais "l’homonymie" existe parmi les connecteurs et le linguiste se voit confirmé dans la nécessité de donner la priorité à l’étude syntaxique avant tout classement en listes des "mots-outils" : un tel classement regroupant les connecteurs à partir de leur identité formelle et sans analyser leur fonctionnement réel a bloqué longtemps l’analyse syntaxique ; celle-ci, qui change obligatoirement les catégorisations, met cependant enfin de l’ordre dans l’étude de la connexion.
(*) Comme on le verra l’intonation joue un rôle extrêmement important dans la connexion, et souvent, dans une langue orale, les connecteurs étant moins développés en nombre et en fonctions, c’est l’intonation qui unit les éléments du discours.
Lire l’exposé au format pdf : travaux_19_connecteurs_hazael.pdf
Christian Touratier :
Que convient-il d'entendre par "connecteurs" ?
Ne serait-il pas sage, malgré la mode actuelle, d'éviter de faire connaître au mot nouveau de "connecteur" les mésaventures et les confusions qu'a pu connaître, depuis l'Antiquité grecque, le terme grammatical de "conjonction" (gr. sundesmos) ?
Ranger par exemple sous la même rubrique de connecteur les coordonnants et les subordonnants est aussi peu légitime que de parler de conjonction à propos de ces deux sortes de constituants, qui ont des fonctionnements totalement différents.
Par ailleurs, si la coordination est définie de façon véritablement syntaxique, il n'est pas possible de parler de coordination à propos de répartie comme Et tu nous fous dehors par ce temps-là ?(Salacrou, Boulevard Durant). Le terme de connecteur désignerait assez bien la fonction de connecteur jouée par Et dans un tel tour.
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Paul Garde :
La phrase complexe sans connecteur en russe
De nombreux grammairiens russes classent les phrases complexes en subordinatives et coordinatives d’après la nature du connecteur qui y figure: conjonction de subordination ou de coordination. Mais que faire des phrases complexes sans connecteur, ou " asyndétiques "? Elles sont particulièrement fréquentes en russe, surtout dans la langue parlée. Il y a parfaite identité de sens, et différence stylistique seulement, entre les phrases :
Esli volk pridët, ub’ëm ego (esli = " si "; style plus soutenu)
Pridët volk – ub’ëm ego (plus familier)
" Si le loup vient, nous le tuerons ".
Il est paradoxal de considérer le type asyndétique, omniprésent dans la langue courante, comme marginal, et de l’exclure de l’opposition subordination/coordination, qui est une distinction générale dans tous les domaines de la syntaxe.
Le critère de classification ne doit pas être formel : nature du connecteur, mais sémantique: rapport entre la valeur de vérité de la phrase complexe dans son ensemble et celle de chacune de ses parties. L’analyse montre :
- que dans les phrases complexes asyndétiques qui sont sémantiquement plus ou moins proches de phrases subordinatives, l’ordre des propositions ne peut pas être inversé. Seule l’addition d¹un connecteur permet l’inversion. Ainsi, selon la place obligatoire de la " subordonnée " supposée, les phrases asyndétiques se subdivisent en prépositives (temporelles, conditionnelles, concessives) et postpositives (causales, finales).
- que, du point de vue de leur valeur de vérité, les phrases asyndétiques du type prépositif sont identiques à des subordinatives, et celles de type postpositifs à des coordinatives.
Il n’y a donc de vraies subordonnées asyndétiques que dans le type prépositif, mais au sein de celui-ci elles sont un phénomène fondamental, typique de la syntaxe russe, et qu’on ne saurait négliger.
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Daniel Bresson :
Essai de définition fonctionnelle et syntaxique des " connecteurs " en allemand et en français.
Le terme de " connecteurs " est polysémique :
L’acception ‘classique’ des connecteurs recouvre la classe des conjonctions de subordination et les prépositions. Elle correspond donc en gros à une relation syntaxique de subjonction. Le connecteur permet d’introduire une expression dans une autre expression (et non de la connecter !), en la faisant changer de statut syntaxique : La préposition transforme le groupe nominal en groupe prépositionnel et la conjonction de subordination le groupe verbal en groupe subjonctionnel. Les deux types d’expressions peuvent d’ailleurs exercer des fonctions syntaxiques comparables : Jean ne va pas se promener quand il pleut / par temps de pluie.
Une acception plus récente s’appuie sur le contenu sémantique du terme ‘connecter, connexion’, et conçoit les connecteurs comme des éléments servant à établir une relation textuelle à l’intérieur d’un discours. C’est ce point de vue que nous adopterons, en essayant de préciser la notion de ‘relation discursive’ et aussi de cerner les propriétés syntaxiques (position, fonction dans la phrase) des éléments susceptibles d’exercer cette fonction de connexion : Somme toute, Jean n’est pas aussi bête que vous le pensez.
Capucine Bremont :
Connecteurs pragmatiques et autres "petits mots".
La catégorie des connecteurs pragmatiques est généralement représentée par l'ensemble des marques structurelles qui portent sur le dire (non logiques) et connectent des unités textuelles, des énoncés.
Or, au sein d'un cadre d'analyse contextuel oral, on remarque que nombre d'unités structurelles qui s'apparentent formellement aux connecteurs les plus fréquents ne renvoient pas à un antécédent repérable ou même interprétable en tant qu'énoncé.
Doit-on intégrer ces unités dans une catégorie connective large et extensible, en tant que "connecteurs déviants", ou doit on les envisager comme formant une catégorie à part, dont le cadre d'analyse reste à définir ?
Cette question nous amènera :
-
à (re)définir la catégorie des connecteurs pragmatiques en interrogeant ses limites. A partir de quand parle-t-on de connexion ? A partir de quand ne parle-t-on plus de connexion ?
-
à soulever le problème de l'importance du choix des unités d'analyse (syntaxiques, sémantiques, énonciatives, "discursives",…) dans l'appréhension et la classification des différentes marques structurelles du discours qu'on regroupe parfois sous le terme de "connecteurs".
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Dominique Batoux :
Les connecteurs en allemand : délimitation du concept et syntaxe
La connexion entre les énoncés d’un texte, l’organisation à l’intérieur d’un texte peuvent se faire par bien des procédés, entre autres par ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui des ‘connecteurs’. J’entends sous ce terme de ‘connecteur’ –au sens large– une classe fonctionnelle regroupant certains mots du discours, tels que les a définis Ducrot (1980), et qui ont pour rôle essentiel de relier des énoncés ou des parties d’énoncés entre eux/elles. Du point de vue sémantique, ils interviennent au niveau illocutoire. Mais il est indispensable –du moins pour ce qui est de l’allemand– de faire un tri en s’appuyant sur des critères exclusivement syntaxiques, et en particulier sur des critères de position au sein de la phrase. C’est pourquoi, je les répartirai en trois grandes catégories : les coordonnants (ou ‘conjonctions de coordination’) qui occupent la position zéro (encore que j’émettrai quelques réserves à leur sujet, car ce sont, à mon avis, avant tout, des outils grammaticaux plus que des mots du discours), les charnières de discours (ou ‘connecteurs’ au sens étroit du terme) qui sont très mobiles dans la phrase (position pré-V2, post-V2, post-M1, avant première position) et les particules connectives (il serait plus exact de dire ‘contactives’) qui n’occupent la plupart du temps que l’avant-première ou l’après-dernière position et pour lesquelles la position pré-V2 est interdite. J’éliminerai d’emblée les conjonctions de subordination, qui ont en allemand un comportement syntaxique radicalement différent et ne sont pas des mots du discours, et certains mots issus d’anaphores et considérés par beaucoup de linguistes comme des connecteurs.
Lire l’exposé au format pdf. : travaux_19_connecteurs_batoux.pdf
Michael Schecker :
Connexions et intégration : rôle des pronoms personnels
Le terme "connexion" caractérise une interrelation entre deux phrases. Il est vrai qu'il y a aussi des interrelations entre des groupes verbaux qui sont réalisées par exemple par des prépositions. Mais normalement les connexions sont définies comme interrelations entre des phrases réalisées par des conjonctions de coordination comme "aber" ou "oder".
Est-ce que les conjonctions de subordination ne sont pas des connecteurs, est-ce qu’il n’y a pas de connections entre phrases subordonnées et phrases principales ? La recherche psycholinguistique apporte certains résultats (ce dont je veux parler) qui permettent de répondre "non !".
Victor Porkhomovsky :
Problèmes de parenté des langues à longue distance : chamito-sémitique et nostratique
Depuis plusieurs années la théorie nostratique attire l’attention des anthropologues, historiens, archéologues, généticiens. Cette théorie est souvent considérée soit comme un grand événement scientifique, soit comme une aberration intellectuelle.
Le but de la conférence est de présenter l’histoire et l’état actuel des études nostratiques aussi bien que les problèmes méthodologiques des recherches dans le cadre des hypothèses de la parenté des langues à longue distance.
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