Marie-Christine Hazaël-Massieux, Résumé, article et diaporama : Quand les contacts de langues donnent les créoles... A propos de la créolisation comme modèle ou type de développement des langues
Marie-Christine Hazaël-Massieux
Aix-Marseille Université – Laboratoire « Parole et Langage »
Quand les contacts de langues donnent les créoles...
A propos de la créolisation comme modèle ou type de développement des langues
Résumé :
En partant d’une étude historique et philologique de textes anciens en créole de la Caraïbe, et en s’entourant des précautions méthodologiques requises pour l’approche d’écrits émanant nécessairement de « lettrés », qui entretiennent dès lors des rapports particuliers (dont il convient de tenir compte) avec les langues orales, on proposera un schéma qui mette à jour la part des contacts dans le développement des langues qu’on appelle « créoles », et des langues qui en découlent. On proposera ainsi d’expliquer à la fois la variation (importante) dans les temps considérés, et la mise en place progressive de paradigmes au fil des processus d’« interprétation » et d’« analyses » qui orientent la grammaticalisation. Mettant à jour les « analyses » différentes opérées par les acteurs de la créolisation, selon leurs fonctions et leurs places sociales, on essayera de comprendre la complexité de la genèse et du développement de ces langues – ce qui ne peut apparaître qu’en explorant et décryptant les faits linguistiques au fil des textes, en montrant la constitution progressive de « grammaires » à travers les divers témoignages écrits qui nous sont parvenus ; ces divers textes peuvent constituer finalement un impressionnant corpus, au fil des siècles, entre la fin du XVIIe siècle et le XIXe siècle.
Le modèle proposé se veut un modèle parmi d’autres possibles pour expliquer la genèse des langues – de certaines langues dont le développement est marqué par les contacts ; il est de ce fait nécessairement différent du « modèle » classique utilisé par exemple pour étudier les développements des langues indo-européennes – dont les règles d’évolution minimisent ou négligent les contacts inter-linguistiques. Quand les linguistes se posent maintenant la question de l’origine des langues, il serait sans doute raisonnable d’envisager divers modèles explicatifs, notamment selon que l’on prend en compte ou non dans les développements reconstitués des langues, les contacts que les locuteurs ont pu entretenir, parfois massivement, avec des locuteurs d’autres langues. Pour la « créolisation » – que nous proposons de considérer comme un des modèles possibles – il s’agit alors d’intégrer pleinement les contacts parmi les facteurs évolutifs, en tenant compte des données historiques et sociales.
Le schéma proposé ici mériterait d’être affiné, développé, discuté et confronté progressivement aux diverses situations socio-historiques dans lesquelles on a vu (ou dans lesquelles on voit) se développer des langues nouvelles, et alors même que les contacts entre locuteurs de langues variées sont avérés. Si la « créolisation » a concerné les créoles historiques, il est bien possible que ce modèle de développement de langues en situation de contacts soit aussi utile pour décrire d’autres situations de développement des langues, que l’on trouve dans de nombreuses régions du monde, tout particulièrement dans certains sites urbains, à l’époque contemporaine.
Lire l'article : travaux_24_contact_mc_hazael.pdf
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