André Valli, Résumé : Prépositions et rattachement prépositionnel : résumé
André Valli
Prépositions et rattachement prépositionnel
Dans le domaine linguistique, on peut observer depuis quelques années un grand intérêt pour cette question dont témoignent les nombreux colloques et l’intense publication, en particulier dans le milieu TAL, d’outils formels visant à rattacher les séquences prépositionnelles qui ne disposent que de peu de ressources linguistiques dans le domaine.
L’état de la question dans les études dominantes sur la valence verbale en français.
Dans mon exposé, j’évoquerai les difficultés qu’ont rencontrées les grammairiens français du XVIIIe siècle pour décrire une syntaxe verbale en termes de dépendance par rapport au verbe marquée soit par une construction directe soit par une construction prépositionnelle : les documents que Brunot (HLF) met à notre disposition montrent qu’une place privilégié est accordée au complément direct ; il fait état de travaux qui témoignent de la difficulté à distinguer objets direct et indirect, hésitation qui ne paraît pas sans rapport avec les fluctuations de l’usage. Globalement, les compléments indirects sont envisagés dans un cadre conceptuel casuel : l’essentiel de la description concerne les constructions dites datives ou ablatives.
La tradition de la grammaire scolaire, inaugurée par Lhomond, Noël et Chapsal, met en place un cadre qui restera inchangé : objet direct, objet indirect en A et DE. Tel sera le cadre de l’étude des constructions verbales par Maurice Gross au LADL :
N0 V N1
N0 V à N1
N0 V de N1
N0 V N1 à N2
N0 V à N1 de N2 Gross (1968) Syntaxe du verbe, Larousse
Et la prédominance des prépositions A et DE dans ces structures est présentée en rapport avec le statut des ppv, le, la les, lui, y, en, dont les séquences N, à N et de N constituent les ‘sources’ : ainsi chez Gross (1968), a-t-on une étude détaillée des formes déclinées en genre et fonction des pronoms compléments. Dans les travaux du LADL, toutefois, le cadre sera étendu à d’autres prépositions intervenant dans la structure des compléments. Mais, comme le montrent les documents suivants, l’extension est largement dominée par les prépositions locatives, qui constituent, on le sait, du point de vue de M. Gross, des ‘sources’ –dans le cadre de cette grammaire– des ppv Y (là) , EN (de là) .
Dans les travaux qui s’inscrivent dans le cadre théorique de l’Approche Pronominale (Blanche-Benveniste et alii (1984, Pronom et syntaxe, L’approche pronominale et son application en français, Selaf, CNRS), Dictionnaire PROTON ( Van Den Eynde, K., et Mertens, P., (2001), « La syntaxe du verbe, l’approche pronominale et le lexique de valence PROTON », Préprint nr. 174, Katholieke Universiteit Leuven), la valence verbale correspond à l’ensemble des dépendants spécifiques au prédicateur verbal, i.e. ses actants, comme dans l’approche du LADL : chaque valence est identifiée à un paradigme de pronoms : le paradigme traditionnel (LE, LUI / Y, EN) est simplement étendu, comme dans les travaux de M. Gross, aux compléments locatifs (paradigme Y, là / EN, de là); pour les autres compléments il n’existe pas de proportionalité avec un paradigme de clitiques mais seulement avec des formes non clitiques, compléments de manière (paradigme Ainsi/comment), et de quantité (paradigme autant/combien), autres compléments prépositionnels de la valence (paradigme ? Prep + pro/ Prep + qui/quoi) que rien ne différencie des compléments de la rection.
Quand on examine la représentation qui est proposée des relations syntaxiques entre le verbe et ses dépendants valenciels appartenant à la catégorie nominale, proposée par I. Mel’cuk et L. Iordanskaya, 2002 (Web), (Towards Establishing an Inventory of Surface – Syntactic Relations : Valency-Controlled SsyntRels of the Verb in French), on note que :
l’accent est en toute évidence mis sur les constructions objet direct, objet indirect en A ; dans ce dernier cas, les auteurs insistent sur le fait que la cliticisation du complément est réalisée au moyen du pronom DATIF -référence explicite des auteurs- LUI !
- tous les autres compléments prépositionnels sont regroupés en fin d’inventaire, après les pseudo objets et les compléments d’agent (!) ; parmi ces dépendants on relève les prépositionnels en A (cliticisables en Y), en DE (cliticisables en EN), les dépendants en SUR (cliticisables en Y), et les autres dépendants prépositionnels qui ne présentent pas, comme le notent les auteurs, de propriétés qui les définissent, ce qui rend donc malaisée leur distinction des séquences prépositionnelles non dépendantes.
Un projet de dictionnaire de la complémentation verbale en français.
Pour pallier ce défaut de description des objets verbaux prépositionnels dans les grammaires et dictionnaires du français, j’ai développé le projet d’un lexique de verbes pour l’analyse en chaîne du français (Salkoff, M., 1979, Analyse syntaxique du français : Grammaire en chaîne, J. Benjamins, Amsterdam, et Salkoff M., 1999, A Contrastive Grammar on Translationnal Principles, J. Benjamins, Amsterdam/Philadelphia). J’y développe une définition de l’objet verbal qui autorise un examen minutieux des constructions prépositionnelles : L’objet est présenté comme dans les précédentes approches comme un dépendant spécifique, la spécificité étant décrite en termes de relations de sélection lexicale.
J’illustrerai mon propos en présentant une entrée verbale de ce lexique et en montrant son apport dans la description des arguments verbaux prépositionnels par une comparaison avec les entrées correspondantes des grands dictionnaires français (Grand Robert, Trésor de la Langue Française.
Conclusion.
Le lexique de valences verbales que je propose de réaliser, sur les bases indiquées permet de combler une lacune à la fois des grammaires et des dictionnaires du français cités en référence en proposant pour chaque verbe une description détaillée de tous ses arguments avec un soin particulier apporté à l’inventaire des arguments compléments prépositionnels.
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