Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

Christian Touratier, Résumé Autour des « lois » de Grimm et de Verner, un problème du vieil-anglais

Christian Touratier :

Autour des « lois » de Grimm et de Verner, un problème du vieil-anglais

 

 

Résumé :

 

Les « lois de Grimm » permettent de postuler les 9 correspondances :

i.e. *p et germ. f,              i.e. *t et germ. T,            i.e. *k et germ. h,

i.e. *b et germ. p,            i.e. *d et germ. t,            i.e. *g et germ. h,

i.e. *bh et germ. b,           i.e. *dh et germ. d,         i.e. *gh et germ. g,

lesquelles sont généralement formulées à l’aide des trois « lois » suivantes :

les occlusives sourdes indo-européennes correspondent à des constrictives sourdes germaniques,

les occlusives sonores indo-européennes correspondent à des occlusives sourdes germaniques,

les occlusives “sonores aspirées” indo-européennes correspondent à des occlusives sonores germaniques.

Ces lois ont été non pas corrigées, mais complétées par la loi de Grassmann, qui montre qu’une évolution propre au grec et au sanskrit semble briser certaines de ces correspondances, et par la loi de Verner, qui précise qu’en syllabe intérieure, seules les occlusives sourdes qui suivent la syllabe accentuée (cf. skr. phrátā «frère», gr. fr£thr) correspondent à la constrictive sourde (cf. got.brōþar ; v.angl. brōþor, angl. brother [‘brVðər]) que l’on trouve dans les autres positions, mais que celles qui sont dans la syllabe accentuée (cf. skr. pitá, gr. pat»r) sont sonorisées (got. fadar ; v.angl. faeder, angl. father [‘fA;ðər]). L’anglais a par la suite sonorisé toutes ces constrictives, du moins en syllabe intérieure, et en position initiale pour certaines familles de lexèmes.

Le problème, c’est que tout cela ne précise pas la nature phonétique exacte de la consonne intérieure de v.angl. faeder, toujours écrit avec un d. C’est une sonore, mais est-ce une occlusive ou une constrictive ? Tous les manuels de vieil-anglais disent que c’est une occlusive sonore ; et certains en tirent expressément la conclusion logique qu’elle s’est confondue avec l’occlusive sonore issue d’une aspirée sonore indo-européenne.

Or c’est impossible ; car, par la suite, la prétendue occlusive sonore de faeder, issue d’une occlusive sourde indo-européenne, deviendra une constrictive sonore [‘fA;ðər], alors que l’occlusive sonore issue d’une aspirée sonore indo-européenne restera une occlusive sonore : angl. widow [‘widәu], issu de v.angl. widewe (cf. skr. vidhávā, avec dentale en syllabe accentuée commeskr. pitá).

Alors, qu’en est-il ?



11/06/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 6 autres membres