Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

Cercle Linguistique d\'Aix-en-Provence

Séminaires 2004-2005 : Les prépositions


Jean-Marie Merle, Résumé et article : Remarques générales sur les prépositions en anglais

Jean-Marie Merle 

Remarques sur quelques prépositions en anglais

 

Jespersen classe les prépositions au côté des adverbes, des conjonctions et des interjections  parmi les « particules ». Effectivement, on peut montrer que certaines particules adverbiales de l’anglais ne se distinguent des prépositions que par leur distribution (He was in / He was in the house) et sont susceptibles de deux fonctionnements syntaxiques différents, l’un correspondant à une forme d’intransitivité, l’autre à une forme de transitivité ; on peut montrer par ailleurs que certaines particules de l’anglais sont indifférentes à la distinction entre prépositions et conjonctions (They will not leave until next week / They will not sell the flat until their youngest daughter has left).

Dans certaines limites cependant :

certaines particules ne peuvent avoir que l’un ou l’autre de ces fonctionnements ;

le groupe prépositionnel reste foncièrement exocentrique (hétérogène) et ne peut donc se réduire à une préposition-noyau ;

la position (cf. P. Garde) de la « pré-position » fait souvent mentir le terme de « préposition » (cf. The bed he is supposed to have slept in… / Which bed did he sleep in ? / This bed hasn’t been slept in), mais vient confirmer que la préposition remplit une fonction diastématique (au même titre que la conjonction), c’est-à-dire une fonction de relateur.

Il existe en anglais contemporain standard deux couples de particules, with / without et into / out of, qui ne sont susceptibles que d’un fonctionnement de préposition : elles doivent introduire un segment nominal ou nominalisé. Lorsque ces deux couples sont suivis de nominalisations, nexus ou gérondifs (With Hedwig gone, he could not send a message / He dived without taking off his clothes /// He talked her into going to the cinema / He talked her out of going to the cinema), ils tendent à exprimer respectivement la validité / non validité et la validation / non-validation du contenu qu’ils introduisent.  Nous observerons ces deux couples de prépositions, dans la perspective de l’interdépendance posée par la fonction diastématique.

Lire l'article : travaux_21_prep_jmmerle.pdf


24/06/2013
0 Poster un commentaire

Dominique Batoux, Résumé et article : Locatif et directif en allemand

Dominique Batoux

 Locatif et directif en allemand

 

L’opposition locatif vs directif, qui n’est pas une « spécialité » de l’allemand, correspond à une opposition de cas lorsque l’on utilise l’une des neuf prépositions dites mixtes (accusatif vs datif) ou à une opposition de prépositions (bei vs zu par exemple). On sait qu’il y a une relation locative lorsque le procès se déroule à l’intérieur d’une portion d’espace et directive lorsque la portion d’espace concernée est le point de direction du procès : die Flasche steht auf dem Tisch (La bouteille est sur la table) -> datif vs Ich stelle die Flasche auf den Tisch (je pose la bouteille sur la table) -> accusatif. Parler de ce problème en se référant à des notions telles que verbes de mouvement ou de position, comme l’ont fait les grammaires scolaires pendant longtemps, ne peut qu’être source d’erreurs et n’explique pas que l’on trouve parallèlement Sie läuft auf die Straße et Sie läuft auf der Straße avec le même verbe laufen (marcher), et Er hält das Baby im Arm à côté de Er hält die Hand vor den Mund avec le même verbe halten (tenir) ; nous verrons d’ailleurs que le français, qui n’a pas à sa disposition cette opposition casuelle, a alors quelquefois, mais c’est loin d’être la règle, recours à des verbes différents. Pourquoi peut-on employer l’accusatif avec des verbes qui ne peuvent absolument pas être considérés comme des verbes de mouvement (halten), et inversement (laufen), pourquoi trouve-t-on le datif avec des verbes préfixés, alors qu’avec le verbe simple l’accusatif était de rigueur (hängen vs aufhängen -> suspendre), pourquoi l’accusatif est-il maintenu dans les constructions résultatives (Der Kahn ist an den (accusatif) Baum gebunden -> la barque est attachée à l’arbre), en quoi peut-on parler alors de double prédication ? Nous essaierons de répondre à toutes ces questions et verrons que, selon la perspective du locuteur ou le contexte, l’une ou l’autre solution peuvent s’envisager avec le même verbe, et que le traducteur devra en tenir compte.

Lire l'article : travaux_21_prep_dominique_batoux.pdf


24/06/2013
0 Poster un commentaire

Alberto Bramati, Résumé et article : Pour une grammaire des prépositions – français-italien

Alberto Bramati

Pour une grammaire des prépositions français-italien

 

 

 

Dans A French-English Grammar (1999), Morris Salkoff affirme que la traduction d’un groupe prépositionnel dépend de trois variables : sa fonction syntaxique, la sous-classe du nom régi par la préposition et la sous-classe de l’élément prédicatif (nom ou verbe) qui régit le groupe prépositionnel. L’examen de quatre grammaires contrastives français-italien montre qu’il existe des groupes prépositionnels dont la signification ne dépend pas de leur fonction syntaxique : par conséquent, leur traduction est toujours prévisible. Mon étude de la valence des verbes français et italiens semble alors justifier l’hypothèse qu’il existe au total trois types de groupes prépositionnels qui tournent autour de l’étoile-verbe : 1) les « comètes », i.e. les groupes prépositionnels dont la signification est indépendante du verbe et dont la traduction est toujours prévisible (les groupes indiqués dans les grammaires) ; 2) les « planètes », i.e. les groupes prépositionnels dont la signification dépend du verbe et dont la traduction est partiellement prévisible ; 3) les « satellites », i.e. les groupes prépositionnels introduits par une préposition « vide », dont la traduction est toujours imprévisible.

 

Lire l'article : travaux_21_prep_alberto_bramati.pdf


24/06/2013
0 Poster un commentaire

Françoise Nin, Résumé et article : La traduction des constructions prépositionnelles : un casse-tête franco-espagnol. Illustration à partir de l’étude d’un cas

Françoise Nin

 Les prépositions en espagnol

 La traduction des constructions prépositionnelles : un casse-tête franco-espagnol. Illustration à partir de l’étude d’un cas.

 

 

Si le français ne possède qu’un verbe ETRE, l’espagnol est doté de SER et ESTAR, qui a eux deux, couvrent le champ balayé par ETRE.

Le choix de l’un ou de l’autre s’impose dans certain cas. Ainsi, lorsque ETRE est suivi d’un substantif, ou d’un substitut de substantif, seul le verbe SER peut être utilisé. Si l’on veut indiquer une localisation, alors c’est ESTAR qui s’impose. Mais bien entendu, nombreux sont les cas où le choix n’est pas si évident, en particulier lorsque ETRE est suivi d’un adjectif ou d’un participe passé : ce cas est un véritable casse tête pour toute personne s’initiant à la langue espagnole.

 

De nombreuses études à visées didactiques se sont intéressées à cette difficulté majeure, et pourtant le problème n’est toujours pas résolu ! En général, elles partent du français : comment traduire « ETRE + » ?  Or, la comparaison entre, par exemple, phrases en « ETRE + prep » et « SER / ESTAR + Prep, montre qu’un certain nombre des phrases espagnoles étudiées n’ont pas leur équivalent dans les phrases françaises retenues. Cela  signifie que certaines tournures en SER / ESTAR + Prep. ne sont pas rendues en français par ETRE + Prep.

Il peut alors sembler judicieux d’essayer de partir des constructions espagnoles en SER / ESTAR, pour aborder ce problème à l’envers. Nous allons illustrer cette démarche à l’aide d’un cas précis : la recherche des équivalents français des structures SER + préposition (de) + substantif et ESTAR + préposition (de) + substantif.

 

A partir d’un corpus donné, et en suivant les méthodes d’analyse longuement éprouvées par le laboratoire de M. GROSS (le LADL), nous allons tâcher de mettre en évidence les caractéristiques de ces structures: classes de substantifs précédés de DE, présence ou non de déterminants, types de modifieurs acceptés dans ces structures, caractère figé ou pas de la structure, etc.

Nous espérons ainsi montrer que la connaissance et le répertoire de ces caractéristiques peuvent faciliter le passage d’une langue à l’autre,  constituant un outil pour le traducteur, que ce soit à main ou à l’aide d’ordinateur, mais aussi pour l’enseignement et l’apprentissage des langues concernées, de la part de natifs de l’autre langue.

 

Lire l'article : travaux_21_prep_francoise_nin.pdf


24/06/2013
0 Poster un commentaire

Françoise Douay, Résumé et article : Cas et prépositions chez les grammairiens philosophes

Françoise Douay

Cas et prépositions chez les grammairiens-philosophes

 

 

Arnauld et Lancelot dans leur Grammaire générale et raisonnée de 1660, comme Fénelon dans sa Lettre à l’Académie de 1714, emploient encore couramment, pour décrire les fonctions du nom dans la langue française, la terminologie latine des cas, au nombre de six : nominatif, vocatif, génitif, datif, ablatif, accusatif, ne traitant des prépositions -réduites de fait à à, de, par, pour- qu’ « en tant qu’il est nécessaire d’en parler pour entendre quelques cas ».

Cette routine est vivement combattue par les grammairiens-philosophes Dumarsais (1676-1756) et Beauzée (1717-1789) qui imposent l’idée que, pour marquer les relations entre verbes et noms, les langues en général présentent deux grands types de  systèmes, qui entrent en concurrence ou se combinent selon des proportions variables : celui des désinences casuelles d’une part, dont le nombre peut être différent de six, et celui des prépositions d’autre part, souvent étayé sur des règles d’ordre plus strictes. Dès lors, leurs recherches se concentrent, formellement sur les méthodes de passage d’un système à un autre dans la traduction, et sur la forme abstraite commune sous-jacente que ces opérations présupposent ; empiriquement, sur la recherche d’exemples de langues sans aucun cas, ou sans aucune préposition, ou sans aucune règle d’ordre des mots, ainsi que sur le dénombrement des cas et des prépositions selon les langues et sur leur combinatoire attestée.

Engagée dès la Méthode raisonnée pour apprendre la langue latine de 1722 et Les véritables principes de la Grammaire de 1729, la réflexion de Dumarsais se déploie de 1751 à 1756 dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, à travers les articles Ablatif, Accusatif, Cas, Construction, Datif, Génitif, et sur des exemples français, latins, grecs, hébreux, italiens, espagnols, anglais, arabes et arméniens ; mais la mort interrompant ses travaux à l’article Grammairien, c’est à Beauzée, son successeur à l’Encyclopédie entre 1757 et 1765, que l’on doit les articles Nominatif, Préposition, Syntaxe, Vocatif. Reprenant cette question plus librement dans sa Grammaire Générale ou exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage de 1767, puis les trois volumes de Grammaire et Littérature qu’il cosigne avec Marmontel en 1782, 1784, 1786 pour l’Encyclopédie Méthodique de Panckoucke, Beauzée nuancera considérablement, et parfois révisera ses positions en fonction des langues nouvelles qu’il considère –souvent à partir des descriptions des missionnaires-  : basque, « lapon », « péruvien », « samskret » ; d’où l’apparition, pour la description du français lui-même, de catégories nouvelles, qu’il élabore (Prépositif / Préposition),ou emprunte, notamment à la grammaire hébraïque (Préfixe / Affixe).

Sans entrer dans le détail de tous ces aspects, nous exposerons quelques points remarquables, en dialogue avec les exposés de Paul Garde (Préposition / Prépositif / Préfixe) et d’André Valli (persistance, dans la tradition scolaire, de l’attachement de la préposition au cas qui isole en français à et de… dans le sillage de Port-Royal !) .

 

Lire l'article : travaux_21_prep_francoise_douay.pdf


24/06/2013
0 Poster un commentaire